Soutenez-vous Mlle Obscure Précaire, candidate aux Prix Claude Lévi-Strauss et Clo-Clo?

samedi 11 juillet 2009

A vos lunettes, Citoyens ! , ou Comment Obscure Précaire fut littéralement plébiscitée le 29 juin.

« Ô soupirs, ô respect ! Oh ! Qu'il est doux de plaindre
 le sort d'un ennemi quand il n'est plus à craindre ! » Victoire et consécration ! Le Comité de soutien de Mlle Obscure Précaire est heureux de pouvoir se targuer, sans prétention ni présomption, du triomphe de sa candidate le 29 juin dernier !

Comptons les points :

- Obscure a recueilli le soutien officiel d’innombrables collègues précaires ou titulaires ayant écrit à l’Académie des Sciences Morales et Politiques : deux hypothèses – 1°) soit l’avalanche de soutiens fut telle qu’il eût fallu embaucher une armée de l’ombre de vacataires pour les compter, et que la vénérable institution n’en eût pas les moyens ; 2°) à moins que seule la mauvaise foi de cette dernière expliquât l’injustifiable black-out sur notre candidate ? Qui se venge en secret, en secret en fait gloire… »)

- Obscure a été élue par le vote mis en place sur notre site à une écrasante majorité, qui serait digne d’un score de République bananière si ce terme n’était évidemment totalement inenvisageable au pays des droits de l’Homme. Rappelons-en les résultats ; la question était « Soutenez-vous Mlle Obscure Précaire, candidate aux Prix Claude Lévi-Strauss et CLo-Clo ? » :

« Oui, car j’admire secrètement Mlle Précaire depuis toujours » : 76% ;

« Non, car je pense que Mlle Précaire jouit déjà outrageusement de scandaleux privilèges » : 7% ;

« Je ne me prononce pas pour cette année, car je pense qu’elle n’en a pas encore assez bavé » : 15%.

Il nous semble qu’avec 76% des voix, on peut dire que la clameur populaire a parlé ! Est-il dans ces conditions permis de s’interroger sur l’esprit républicain des membres du jury ? Le Comité se refuse à de si mesquins soupçons, par égards pour le Lauréat du PCLS, qui fit montre de bien plus de courage et de bien plus de fair-play en dédicaçant sa victoire à sa challengeuse... Son élection prouve donc aux esprits chagrins qui auraient pu en douter que, comme nous l’avons déjà souligné, les Membres de l’Académie des Sciences Morales et Politiques sont toujours « des rêveurs, des phraseurs, des métaphysiciens, bons à jeter à l'eau », tels que les fustigeait le Premier Consul Napoléon Bonaparte, en supprimant leur Classe par l'arrêté du 3 pluviôse an XI (23 janvier 1803), et tels que chaque citoyen de ce pays est en droit de l’espérer.

- Le Comité s’offusque de ce que ses membres, qui ne demandaient pourtant qu’à venir humblement assister à la remise du Prix Claude Lévi-Strauss pour lequel Obscure Précaire avait tant trimé, aient été aussi scandaleusement « blacklistés » ! Mme Pécresse avait déjà avoué, dans son communiqué de presse annonçant l’attribution du Prix Claude Lévi-Strauss à un « anthopologue » (sic), que l’anthropologie manquait d’air. S’il s’était par hasard trouvé parmi nous des chercheurs se rattachant à cette si noble discipline, ils sauraient désormais à quel point ils sont « en-trop-ologues »… Obscure, jamais rétrograde, nous demande de suggérer d’ores et déjà cette réforme orthographique aux honorables membres de l’Académie Française. La Science, grâce à Obscure, aura donc fait un nouveau pas lors de cette belle journée. Nous avons cependant bien du chagrin pour notre Ministre : « L'absence ne fait mal que de ceux que l'on aime », et notre présence lui aura sans nul doute cruellement manquée. Obscure, elle, toujours philosophe, se réjouit de cet injuste châtiment: « On ne m'a que bannie ! ô bonté souveraine !
C'est donc une faveur, et non pas une peine !
Je reçois une grâce au lieu d'un châtiment !
Et mon exil encor doit un remercîment !
Ainsi l'avare soif d'un brigand assouvie, 
il s'impute à pitié de nous laisser la vie ;
quand il n'égorge point il croit nous pardonner, 
et ce qu'il n'ôte pas, il pense le donner. »

Or, nous le savons bien, « qui peut, sans s'émouvoir, supporter une offense,
peut mieux prendre à son point le temps de sa vengeance. 
Et sa feinte douceur, sous un appât mortel,
mène insensiblement sa victime à l'autel. » Ce qui augure excellemment des victoires ultérieures de notre candidate.

- Revenons sur cette liste noire. Est-ce à dire que l’aura de notre égérie est désormais si grande que les Puissants en redoutent l’éblouissante clarté qui tombe des étoiles et rejaillit sur son entourage même lorsque la pauvre enfant est entre la vie et la mort ? Force est de le constater.

- Soulignons donc la vanité, l’absurdité, le ridicule de toutes les minables tentatives pour renvoyer Obscure dans l’ombre, dont la plus dérisoire fut sans conteste la confiscation par les huissiers de l’Institut de France de toutes les paires de lunettes de soleil dont s’était munie l’assistance, du premier au dernier rang, à la remise du Prix Claude Lévi-Strauss ! Que l’on nous pardonne, mais le Comité en rit encore.

- Par charité, il ne s’attardera pas plus longuement sur ce point. Il aura en effet sauté aux yeux de chacun que le Tout-Paris et tout Paris, en hommage à Mlle Obscure Précaire, portait des lunettes de soleil lundi… Tous les jours depuis, les Français sont descendus dans les rues par millions en arborant ostensiblement ce signe de ralliement à notre candidate : qui oserait le contester ? Certainement pas un gouvernement si souvent taxé d’aveuglement… Qu’il en prenne acte, enfin : c’est clair, la France des Lumières est dans la rue. « Mais qui peut vivre infâme est indigne du jour… ».

- Le Comité tient à remercier le gouvernement, qui, pour avoir scandaleusement privé les forces vives de la recherche et de l’enseignement supérieur de la cérémonie théoriquement publique de la première remise du Prix Claude Lévi-Strauss, leur a néanmoins offert du grand spectacle en extérieur, avec d’impressionnants moyens en costumes et figurants, autrement plus imposants que ceux du Comité : trois fourgons de CRS, innombrables policiers (en civil ou pas…), en faction du Pont des Arts à la rue des Saints-Pères, tous sur les dents, sursautant à chaque groupe de paisibles touristes venus visiter… la Ville Lumière… Nous n’osons imaginer le coût de cette mise en scène, réglée comme du papier à musique, ni à combien d’allocations de recherche elle équivaut. Avouons cependant notre émotion. Ainsi que notre sincère sollicitude pour les malheureux acteurs de ce splendide Magic Circus : si l’on compte en insolations et coups de soleil « mis » dans le camp adverse, le Comité sort sans conteste grand vainqueur de la compétition ! La Ville Lumière brillait ce jour-là des mille feux d’Obscure Précaire, et nos pauvres adversaires n’avaient pas droit, eux, aux lunettes de soleil… En outre, « qu'en l'attente de ce qu'on aime
 une heure est fâcheuse à passer ! », et comme le temps dut leur sembler long cet après-midi-là…

- Le Comité tient également à exprimer toute sa gratitude aux Cerbères de l’Institut, qui, ayant reçu « des consignes très strictes » qu’ils ont appliquées à leur lettre, nous ont dans un vaillant assaut poussés à déployer, pour la photo-souvenir, nos magnifiques banderoles brodées main sur le domaine public, et non pas sur le parvis de l’Institut, frontière subtile. Grave question : faut-il ou ne faut-il pas leur rappeler l’adage : « Monsieur, pour conserver ma gloire et mon estime,
 Désobéir un peu n'est pas un si grand crime » ? Le reportage-photo de cette merveilleuse journée est encore à venir. Il se pourrait même, d’après certaines sources bien informées, que l’on y voie Mme la Ministre arborer une mine boudeuse à l’écoute de quelques passages du discours de remerciements lui ayant été adressé. Gardons-nous cependant de toutes conclusions hâtives : nous ne doutons pas qu’elle ne relise très attentivement le discours de celui qui fut couronné par ses soins comme « le meilleur chercheur en sciences humaines et sociales ». « Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes :
ils peuvent se tromper comme les autres hommes », et il n’est jamais trop tard pour faire contrition. « À qui sait bien aimer il n'est rien d'impossible » !

En conclusion, nous l’invitons très cordialement à éviter elle-même le « repliement » qu’elle craint de la part du C.N.R.S., et nous réjouissons déjà des désormais inéluctables créations de postes qui ne pourront que faire suite à cette écrasante série de succès de notre candidate…

MERCI À TOU-TE-S !

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