Soutenez-vous Mlle Obscure Précaire, candidate aux Prix Claude Lévi-Strauss et Clo-Clo?

lundi 29 novembre 2010

Non communiqué de presse de Mlle Obscure Précaire:


"En ce jour de remise officielle du Prix Claude Lévi-Strauss à M. Jean Tirole, membre du comité de suivi de la LRU, brillant pionnier des partenariats publics-privés, cumulant à divers titres (notamment de prix, tel celui du Chicago Mercantile Exchange ça ne s'invente pas - car on ne "prise" qu'aux riches?), la page du site du MENESR à ce sujet est... vide: Madame la Ministre souffrirait-elle de l'angoisse de la page blanche? Est-ce l'aveu d'un non-événement? Ah, "l'aléa moral"! Oh, la belle "antisélection"! Quelle superbe "réputation collective" ce jury s'établit!... Il est vrai qu'il y a de quoi rester mutique." Ma foi, Obscure, blasée, esquisse un sourire apitoyé en songeant à tous ces pauvres CRS qui ont du exposer quelques bijoux de familles aux frimas redoutables du parvis de l'Institut ce jour (après la chaleur torride de l'été dernier, rien ne leur aura décidément été épargné), alors qu'elle-même et son comité de soutien n'avaient même pas daigné faire le déplacement. N'allez pas croire qu'elle va se tester sur la PCLS (Posttraumatic Stress Disorder Checklist Scale, si si, ça existe) pour si peu: oh non, ce sont des informations bien plus cruciales qu'elle a retenues sur le site du Parisien annonçant le lauréat de l'année: "la nouvelle Miss Ile-de-France exclue de l'élection", "risque d'euthanasie pour les méchants chiens de berger", et surtout, "le Beaujolais nouveau arrive sous haute sécurité à Toulouse".

samedi 19 juin 2010

Le prix CLaude Lévi-Strauss discrédité!


Alexandrie-Alexandra! Victoire! Le Prix Claude Lévi-Strauss officiellement discrédité par le Grand Prix Clo-Clo! Comment, en effet, interpréter le report de la date de clôture des candidatures autrement que par l'hypothèse selon laquelle a/plus aucun scientifique sérieux ne prend ce prix au sérieux; b/ plus personne n'ose se présenter contre Obscure Précaire? "La France a perdu une bataille, mais la France n'a pas perdu la guerre!" (Notre photo: Obscure Précaire appelle les forces vives de la nation, depuis son post-doc londonien, à la soutenir dans son combat pour les Lumières).

jeudi 17 juin 2010

Le chiffre cent, numéro fétiche de notre candidate


Obscure Précaire: bientôt trente, voire cent millions d'amis sur Facebook! Rejoignez son comité de soutien, toujours plus nombreux, jour après jour! 100 000 fonctionnaires de moins, 100 milliards d'économies, 100 000 euros de prix Claude Lévi-Strauss... Ce ne peut être une coïncidence: cette fois les astres ont parlé!

samedi 29 mai 2010

Elle y pense en se rasant... Se représentera-t-elle?


22 MILLIARDS DE GRAND EMPRUNT… 50 000 PRÉCAIRES DANS L’ESR…

UNE SEULE CANDIDATURE CRÉDIBLE AU PRIX CLAUDE LÉVI-STRAUSS 2010 :

OBSCURE, C’EST CLAIR !

Vous l’avez adulée,

Vous la pensiez morte et enterrée,

Elle est très très fatiguée,

Si vous aussi vous croyez qu’il ne faut jamais désespérer,

Si vous aussi vous pensez que l’effort mérite d’être récompensé,

Si vous aussi êtes énervé par les roueries du Grand Emprunt,

Si vous aussi voulez des postes pour les 50 000 précaires de l’ESR,

Si vous aussi vous pensez que tout travail mérite salaire,

Et, si vous aussi, avez plus d’appétit qu’un barracuda,

Alors…

Alexandrie-Alexandra !

Apportez-lui votre soutien à l’apéro Facebook géant

Mardi 1er juin de 14h à 19h,

Place de la Sorbonne,

Tandis que Mme La Ministresse causera « investissements d’avenir »

Et manifestez-lui tous vos encouragements,

Devenez son Ami(e) sur Facebook,

Ecrivez-lui, suppliez-la, de candidater, encore et toujours, au Prix Claude Lévi-Strauss.

Obscure Précaire : tu l’aimes ou elle te quitte !

Êtes-vous O.P. ?

Rejoignez son comité de soutien !

http://leprixcloclo.blogspot.com/

http://fr-fr.facebook.com/profile.php?id=100001122806950&v=wall

http://www.facebook.com/event.php?eid=112220925487250

Exclu! Une cousine d'Obscure témoigne!




Obscure l'aura une fois de plus démontré, participant à sa manière et avec l'aide de son indénombrable parentèle, au séminaire de l'EHESS "Politiques des sciences", lors de la mémorable séance "Parlons argent".
Vous pouvez (re)lire ou (re)écouter cette séance du 18 mars 2010:
http://pds.hypotheses.org/650#more-650

jeudi 11 février 2010

Obscure en lumière: Aujourd'hui, les feux de la rampe, demain les feux de l'amour!

Près de 50 000 Précaires dans l'ESR!
Qu'on se le dise...


Oyez, oyez,
Vous qui depuis toujours chérissez Obscure Précaire dans le secret de votre coeur!

La prochaine séance du séminaire alternatif de l'EHESS "Les politiques des sciences" se tiendra le mercredi 17 février de 17h à 19h, au 105 boulevard Raspail, 75 006 Paris (amphithéâtre).

La séance sera animée par Sylvain Piron et sera consacrée à :

"Observer la « modernisation » 2 : Faire face à la précarité".

Elle commencera par une présentation de l'enquête sur les précaires réalisée à l'initiative de l'intersyndicale (présentée par Isabelle Clair et Wilfried Rault). Mais les organisateurs "aimeraient aussi disposer de témoignages circonstanciés - de précaires et d'employeurs de précaires. L'enjeu du débat est de continuer à alerter l'opinion sur la situation et de poser la question de la reconnaissance (scientifique, morale et juridique) des précaires dans le système. A ce titre, Mademoiselle Obscure serait particulièrement attendue (avec ou sans masque)."

Malheureusement, on est sans nouvelle d'Obscure depuis maintenant de longs mois... On redoute évidemment le pire, d'autant que malgré le tonitruant plébiscite reçu en août dernier de la part des plus Hautes Autorités de l'Etat, et le soutien du Lauréat du Prix Claude Lévi-Strauss en personne le 29 juin, son état de santé se détériorait de jour en jour, voire d'heure en heure...

Si vous êtes la soeur jumelle d'Obscure Précaire ou son cousin à la mode de Bretagne, son colocotaire de placard à balais ou son voisin de palier, et souhaitez/pouvez contribuer à la séance, merci de contacter directement Sylvain Piron: sylvain.piron@ehess.fr

J'ajoute que les séances sont mises en ligne à l'adresse suivante: http://pds.hypotheses.org/

Sans oublier l'appel de l'intersyndicale à soutenir la délégation qui remettra le rapport sur l'enquête "précarité" à Mme la Ministre Valérie Pécresse, en se rassemblant devant le Ministère, le 16 février de 13h30 à 15h...

Ce qui nous annonce un joli Printemps de la Précarité en perspective!

Alexandrie-Alexandra!

On vous l'avait bien dit, que ce serait torride!

Mais pour cela, il faut porter à la plus large connaissance du public le funeste destin réservé à notre chère Obscure - et pour cela, il faut que de valeureux fantassins de l'armée de l'ombre de l'ESR, bien informés, contribuent à la mettre en lumière!

Aujourd'hui, les feux de la rampe, demain les feux de l'amour!

"Pour Obscure Précaire, en avant Filles (et Fils) du Calvaire!"

Venez n-ombreux!

Obscurément vôtre,

Le Comité de soutien de Mlle Obscure Précaire

jeudi 6 août 2009

Enfin des preuves d'amour de Valérie Pécresse!

Faut-il tant de fois vaincre avant que triompher !

Des mois que toute la communauté scientifique française s'interroge: "Valérie, as-tu du coeur?" Eh bien, oui! Citoyens, citoyennes, la preuve est faite, notre ministre A un coeur.
Il est vrai qu'Obscure, elle a je ne sais quoi qui ne peut consentir que l'on demeure à soi... C'était écrit, et leurs coeurs se sont donc embrasés: Valérie Pécresse, Nicolas Sarkozy, François Fillon… et même Carla donnent enfin de vraies preuves d’amour à Mlle Obscure Précaire !

Les preuves :


Enflammé par ce soutien littéralement torride, le Comité brûle d'impatience.
Vivement la rentrée et l'annonce, désormais imminente, de l'abolition de la précarité! L'automne sera chaud-chaud-chaud!

Obscure Précaire évacuée en Suisse

Bonnes gens, Obscure Précaire, après un long séjour à l'Hôtel-Dieu, a finalement été évacuée en Suisse par hélicoptère, où elle se reposera dans un sanatorium non loin du CNRS 2.0.
Si son sort vous préoccupe, priez pour elle : la pauvre enfant est encore très faible, et le soutien du lauréat du Prix Claude Lévi-Strauss, comme celui de l'ensemble de la profession, n'ont pas suffi à dissiper toutes les inquiétudes sur sa santé, loin s'en faut...
La dépêche AFP de son évacuation en bande dessinée, avec tous les détails, accessible au lien ci-joint. Sans conteste, la B.D. de l'été...:
Que San Precario entende vos prières, bonnes gens... rien n'est encore joué, mais la perte de cette brillante chercheuse serait irrémédiable pour notre pays.

samedi 11 juillet 2009

A vos lunettes, Citoyens ! , ou Comment Obscure Précaire fut littéralement plébiscitée le 29 juin.

« Ô soupirs, ô respect ! Oh ! Qu'il est doux de plaindre
 le sort d'un ennemi quand il n'est plus à craindre ! » Victoire et consécration ! Le Comité de soutien de Mlle Obscure Précaire est heureux de pouvoir se targuer, sans prétention ni présomption, du triomphe de sa candidate le 29 juin dernier !

Comptons les points :

- Obscure a recueilli le soutien officiel d’innombrables collègues précaires ou titulaires ayant écrit à l’Académie des Sciences Morales et Politiques : deux hypothèses – 1°) soit l’avalanche de soutiens fut telle qu’il eût fallu embaucher une armée de l’ombre de vacataires pour les compter, et que la vénérable institution n’en eût pas les moyens ; 2°) à moins que seule la mauvaise foi de cette dernière expliquât l’injustifiable black-out sur notre candidate ? Qui se venge en secret, en secret en fait gloire… »)

- Obscure a été élue par le vote mis en place sur notre site à une écrasante majorité, qui serait digne d’un score de République bananière si ce terme n’était évidemment totalement inenvisageable au pays des droits de l’Homme. Rappelons-en les résultats ; la question était « Soutenez-vous Mlle Obscure Précaire, candidate aux Prix Claude Lévi-Strauss et CLo-Clo ? » :

« Oui, car j’admire secrètement Mlle Précaire depuis toujours » : 76% ;

« Non, car je pense que Mlle Précaire jouit déjà outrageusement de scandaleux privilèges » : 7% ;

« Je ne me prononce pas pour cette année, car je pense qu’elle n’en a pas encore assez bavé » : 15%.

Il nous semble qu’avec 76% des voix, on peut dire que la clameur populaire a parlé ! Est-il dans ces conditions permis de s’interroger sur l’esprit républicain des membres du jury ? Le Comité se refuse à de si mesquins soupçons, par égards pour le Lauréat du PCLS, qui fit montre de bien plus de courage et de bien plus de fair-play en dédicaçant sa victoire à sa challengeuse... Son élection prouve donc aux esprits chagrins qui auraient pu en douter que, comme nous l’avons déjà souligné, les Membres de l’Académie des Sciences Morales et Politiques sont toujours « des rêveurs, des phraseurs, des métaphysiciens, bons à jeter à l'eau », tels que les fustigeait le Premier Consul Napoléon Bonaparte, en supprimant leur Classe par l'arrêté du 3 pluviôse an XI (23 janvier 1803), et tels que chaque citoyen de ce pays est en droit de l’espérer.

- Le Comité s’offusque de ce que ses membres, qui ne demandaient pourtant qu’à venir humblement assister à la remise du Prix Claude Lévi-Strauss pour lequel Obscure Précaire avait tant trimé, aient été aussi scandaleusement « blacklistés » ! Mme Pécresse avait déjà avoué, dans son communiqué de presse annonçant l’attribution du Prix Claude Lévi-Strauss à un « anthopologue » (sic), que l’anthropologie manquait d’air. S’il s’était par hasard trouvé parmi nous des chercheurs se rattachant à cette si noble discipline, ils sauraient désormais à quel point ils sont « en-trop-ologues »… Obscure, jamais rétrograde, nous demande de suggérer d’ores et déjà cette réforme orthographique aux honorables membres de l’Académie Française. La Science, grâce à Obscure, aura donc fait un nouveau pas lors de cette belle journée. Nous avons cependant bien du chagrin pour notre Ministre : « L'absence ne fait mal que de ceux que l'on aime », et notre présence lui aura sans nul doute cruellement manquée. Obscure, elle, toujours philosophe, se réjouit de cet injuste châtiment: « On ne m'a que bannie ! ô bonté souveraine !
C'est donc une faveur, et non pas une peine !
Je reçois une grâce au lieu d'un châtiment !
Et mon exil encor doit un remercîment !
Ainsi l'avare soif d'un brigand assouvie, 
il s'impute à pitié de nous laisser la vie ;
quand il n'égorge point il croit nous pardonner, 
et ce qu'il n'ôte pas, il pense le donner. »

Or, nous le savons bien, « qui peut, sans s'émouvoir, supporter une offense,
peut mieux prendre à son point le temps de sa vengeance. 
Et sa feinte douceur, sous un appât mortel,
mène insensiblement sa victime à l'autel. » Ce qui augure excellemment des victoires ultérieures de notre candidate.

- Revenons sur cette liste noire. Est-ce à dire que l’aura de notre égérie est désormais si grande que les Puissants en redoutent l’éblouissante clarté qui tombe des étoiles et rejaillit sur son entourage même lorsque la pauvre enfant est entre la vie et la mort ? Force est de le constater.

- Soulignons donc la vanité, l’absurdité, le ridicule de toutes les minables tentatives pour renvoyer Obscure dans l’ombre, dont la plus dérisoire fut sans conteste la confiscation par les huissiers de l’Institut de France de toutes les paires de lunettes de soleil dont s’était munie l’assistance, du premier au dernier rang, à la remise du Prix Claude Lévi-Strauss ! Que l’on nous pardonne, mais le Comité en rit encore.

- Par charité, il ne s’attardera pas plus longuement sur ce point. Il aura en effet sauté aux yeux de chacun que le Tout-Paris et tout Paris, en hommage à Mlle Obscure Précaire, portait des lunettes de soleil lundi… Tous les jours depuis, les Français sont descendus dans les rues par millions en arborant ostensiblement ce signe de ralliement à notre candidate : qui oserait le contester ? Certainement pas un gouvernement si souvent taxé d’aveuglement… Qu’il en prenne acte, enfin : c’est clair, la France des Lumières est dans la rue. « Mais qui peut vivre infâme est indigne du jour… ».

- Le Comité tient à remercier le gouvernement, qui, pour avoir scandaleusement privé les forces vives de la recherche et de l’enseignement supérieur de la cérémonie théoriquement publique de la première remise du Prix Claude Lévi-Strauss, leur a néanmoins offert du grand spectacle en extérieur, avec d’impressionnants moyens en costumes et figurants, autrement plus imposants que ceux du Comité : trois fourgons de CRS, innombrables policiers (en civil ou pas…), en faction du Pont des Arts à la rue des Saints-Pères, tous sur les dents, sursautant à chaque groupe de paisibles touristes venus visiter… la Ville Lumière… Nous n’osons imaginer le coût de cette mise en scène, réglée comme du papier à musique, ni à combien d’allocations de recherche elle équivaut. Avouons cependant notre émotion. Ainsi que notre sincère sollicitude pour les malheureux acteurs de ce splendide Magic Circus : si l’on compte en insolations et coups de soleil « mis » dans le camp adverse, le Comité sort sans conteste grand vainqueur de la compétition ! La Ville Lumière brillait ce jour-là des mille feux d’Obscure Précaire, et nos pauvres adversaires n’avaient pas droit, eux, aux lunettes de soleil… En outre, « qu'en l'attente de ce qu'on aime
 une heure est fâcheuse à passer ! », et comme le temps dut leur sembler long cet après-midi-là…

- Le Comité tient également à exprimer toute sa gratitude aux Cerbères de l’Institut, qui, ayant reçu « des consignes très strictes » qu’ils ont appliquées à leur lettre, nous ont dans un vaillant assaut poussés à déployer, pour la photo-souvenir, nos magnifiques banderoles brodées main sur le domaine public, et non pas sur le parvis de l’Institut, frontière subtile. Grave question : faut-il ou ne faut-il pas leur rappeler l’adage : « Monsieur, pour conserver ma gloire et mon estime,
 Désobéir un peu n'est pas un si grand crime » ? Le reportage-photo de cette merveilleuse journée est encore à venir. Il se pourrait même, d’après certaines sources bien informées, que l’on y voie Mme la Ministre arborer une mine boudeuse à l’écoute de quelques passages du discours de remerciements lui ayant été adressé. Gardons-nous cependant de toutes conclusions hâtives : nous ne doutons pas qu’elle ne relise très attentivement le discours de celui qui fut couronné par ses soins comme « le meilleur chercheur en sciences humaines et sociales ». « Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes :
ils peuvent se tromper comme les autres hommes », et il n’est jamais trop tard pour faire contrition. « À qui sait bien aimer il n'est rien d'impossible » !

En conclusion, nous l’invitons très cordialement à éviter elle-même le « repliement » qu’elle craint de la part du C.N.R.S., et nous réjouissons déjà des désormais inéluctables créations de postes qui ne pourront que faire suite à cette écrasante série de succès de notre candidate…

MERCI À TOU-TE-S !

Exclusif! Un membre du Comité témoigne... "Comment je me suis fait éconduire de la remise du 1er Prix Claude Lévi Strauss!"

Le lundi 29 juin aurait dû être le moment fort d’une lutte menée par une petite troupe de jeunes et espiègles chercheurs en sciences sociales, en majorité précaires, ayant pris, dans les clameurs du mouvement des universités, le parti de porter aux nues le cas de ces ouvriers de l’ombre sans qui les laboratoires ne pourraient pas fonctionner, les colloques se monter. La remise de ce Prix Claude Lévi Strauss, créé à l’initiative de Valérie Pécresse afin de distinguer un chercheur en sciences humaines et sociales, et, nous l’espérons, mettre en valeur nos disciplines qui souffrent autant d’un manque de reconnaissance que d’une réelle méconnaissance, avait suscité chez nous des interrogations car allant à l’encontre des luttes en cours.

Ainsi, tout le Comité soutenant la candidate dénommée Obscure Précaire, notre porte-parole, s’est mis en branle pour profiter de l’antre de l’Institut de France, et de la présence de son cortège de sommités, pour rappeler à tous le lourd tribut payé par une génération « presque » perdue – du moins, nous nous battons pour ne plus l’être – de jeunes chercheurs (doctorants et post-doctorants) dont l’avenir s’était encore plus assombri en raison des effets telluriques des coupes sombres de postes annoncés (finalement réaffectés), et des perspectives peu réjouissantes présagées par la LRU.

En effet, si l’autonomie veut offrir plus de latitude aux présidents et aux conseils d’administration des universités en stimulant les coopérations, principalement avec le fameux « monde de l’entreprise », elle se ferait selon nous avec parcimonie, en laissant de côté de ces nouveaux leviers argentés la plupart des humanités enseignées dans nos universités. C’est d’ailleurs ce que mon expérience de terrain de précaire à la recherche d’un poste de conseiller en développement social m’a souvent renvoyé comme triste réalité. Dans le monde de l’entreprise, et même dans celui des métiers du secteur sanitaire et social que je connais particulièrement, le contenu de nos formations sont bien souvent sibyllins. A tel point, que la durant la matinée précédant la remise du prix, je m’étais rendu à un entretien d’embauche à un poste d’assistant chargé de projet formation en ayant pris soin de censurer moi-même mon curriculum vitae en occultant mes études doctorales. Et ce parce qu’elles sont très souvent dissuasives lors de l’embauche, ou tout simplement pour obtenir un entretien !

Ainsi, ce matin-là, comme nous l’avait intimé notre ordre de mission, il fallait assister aux discours de Jean-Robert Pitte, puis à celui de Valérie Pécresse. Ensuite participer à la cérémonie de la remise du Prix Claude Lévi Strauss au lauréat désigné, Dan Sperber. Armé de mes affiches où notre obscure comparse lançait ses cris d’alarme, de tracts « Votez Précaire », d’un recueil contenant les slogans à scander, et d’une lettre à remettre à madame la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, ainsi qu’aux différents membres de l’Académie des sciences morales et politiques, je rejoignis le reste de l’équipée sur le Pont des arts. Mauvaise nouvelle, nous sommes attendus, et même que très peu désirés ! L’un de nos membres actifs nous informa avoir reçu un message du secrétaire général de l’Académie lui signifiant, très clairement, qu’elle n’était pas la bienvenue dans les locaux de l’Institut de France. J’appris plus tard qu’il en était de même pour moi. A 15h, je me lançai à l’assaut du temple et pénétrai sans trop de difficultés pour assister à la retransmission vidéo des discours de Jean-Robert Pitte et de Valérie Pécresse.

Ces deux interventions se faisaient dans le cadre des séances hebdomadaires de l’Académie des sciences morales et politiques et étaient consacrées à la « loi du 10 août 2007 portant sur les libertés et responsabilités des universités » (L.R.U). Jean-Robert Pitte a ouvert le débat en rappelant le pourquoi de cette réforme et l’inconséquence du conservatisme de certains chercheurs et étudiants à brandir le glaive d’une bataille franco-française, tout en faisant fi de l’environnement européen dans lequel ils devraient plutôt mesurer les mutations déjà opérées, nous laissant de facto à la traîne. Après le rappel d’un constat très pernicieux qui avait fait les délices de Nicolas Sarkozy, s’étant ému des plus de 30% de chercheurs ne publiant plus grand chose, M. Jean-Robert Pitte a répondu aux questions de l’assistance. L’auditoire du jour ne s’est pas privé de jolies escarmouches, la plus acerbe demeurant la fameuse allusion à l’élargissement des capacités d’évaluation du président d’une université qui, dans ses nouvelles attributions découlant de la LRU, sera seul apte à juger de la qualité des candidats à un poste et ce pour tous les emplois ouverts au recrutement ; c’est-à-dire de l’enseignant-chercheur au personnel technique ! A part l’esquisse d’un léger sourire embarrassé, notamment lorsque fut rappelé la qualité de chercheur en géographie de M. Jean-Robert Pitte, afin de lui montrer l’absurdité d’évaluer un chercheur dont on ne connaît rien à la formation initiale, cet exposé n’a pas clarifié les zones d’ombre contenues dans la LRU. En conséquence, il fallait s’en remettre à l’intervention du ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche pour satisfaire notre avidité.

Très attendue, madame la ministre s’est montrée très en verve et réellement disposée au dialogue. Au plus fort des mobilisations, nous aurions aimé la trouver dans ces mêmes dispositions ! Son intervention a surtout consisté à présenter la réforme d’autonomie des universités et la philosophie d’ensemble souhaitée pour la modernisation du système universitaire français. Il s’agit d’ « un pari », un pari sur notre génie de créativité, notre inventivité et notre capacité à réellement devenir acteurs de nos universités. Alors là, je suis resté sans voix. Je peux comprendre la logique et le principe de cette mobilisation des « forces vives » des universités (chercheurs et étudiants), mais je reste très dubitatif sur sa faisabilité. En effet, la LRU devrait permettre une meilleure gestion de l’université, et à y regarder de plus près, c’est bien vers une approche managériale que nous nous dirigeons. Cependant, les passerelles entre public et privé qui seront ouvertes ne pourront pas concerner toutes les disciplines de manière équivalente. Singulièrement, en ce qui concerne les sciences humaines et sociales, je vois mal les entrepreneurs se bousculer pour financer nos disciplines. Et étonnamment, nous pouvons constater une forte contradiction entre l’analyse des raisons de la faiblesse de la performativité de l’université française par rapport à ses consœurs européennes et les solutions proposées. D’un côté, elle fait porter la sclérose des universités à l’immobilisme catégoriel des enseignants et des étudiants, et, de l’autre, nous propose de croire en la capacité de mobilisation de ces mêmes acteurs pour la restaurer !

Au terme de ces deux interventions, je n’étais pas plus avancé qu’à l’entrée. Au contraire, je connais par expérience la difficulté de l’insertion professionnelle des jeunes docteurs dans le monde de l’entreprise, d’où une question à laquelle j’aurais aimé avoir une réponse : comment pourra-t-on articuler l’obligation d’insertion professionnelle à l’enseignement dispensé dans les facultés tout en conservant sa forme actuelle ? En l’état actuel des choses, cette réforme ne sera applicable qu’à un nombre limité de filières facilement adaptables au système LRU. Mais de surcroît, le vrai problème sera la tentation de la spécialisation en grands pôles universitaires souhaitée par le ministère. Il s’agit là de l’amplification d’un processus dont les conséquences, déjà connues par beaucoup d’étudiants, vont encore creuser les disparités entre universités riches et universités plus modestes.

Après cette studieuse première séquence, la seconde pour moi a vite tourné court. En effet, grande fut ma surprise de constater le renforcement du dispositif de sécurité mis en place dans l’enceinte de l’institut. Des ordres stricts auraient été donnés, c’est avec ces termes qu’une employée de l’institut me mit à l’écart dès l’annonce de mon nom. Pourtant, j’avais correctement suivi la procédure d’inscription, mais manifestement la légitimité de nos revendications ne faisait pas le poids face au protocole de la remise du prix Claude Lévi Strauss. Il y avait là une amère ironie que j’avoue avoir très mal vécue ; alors que par mes interventions auprès de professionnels de santé, je contribue à vulgariser la discipline en étant très mal payé, le jour de la remise d’un prix couronnant un chercheur de ma discipline, j’ai été éconduit du cénacle de mes pairs…